Indemnités journalières de la Sécu : l’égalité enfin reconnue pour les pigistes

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Un arrêté paru le vendredi 30 octobre au Journal Officiel prévoit que les journalistes rémunérés à la pige pourront désormais bénéficier beaucoup plus facilement des indemnités journalières (IJ) de la Sécurité sociale en cas de maladie ou d’invalidité ou durant les congés de maternité et paternité.

Cet arrêté, est une victoire contre la précarité imposée à de trop nombreux confrères pigistes.

Ce texte, qui a reçu l’accord de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), vient corriger une inégalité d’accès scandaleuse aux prestations sécu, qui perdurait depuis de trop nombreuses années. C’est une victoire à mettre au compte de l’activité des syndicats de journalistes, et notamment du travail effectué par leurs représentants au sein du comité paritaire de pilotage du régime complémentaire de prévoyance des journalistes pigistes.

Pour avoir accès aux indemnités journalières de la Sécurité sociale en cas d’arrêt de travail, les pigistes devront désormais justifier d’une rémunération sur 3 mois au moins équivalente à 150 fois le SMIC horaire, soit 1522,50 euros brut. Ce sont les mêmes conditions que pour les journalistes rémunérés à l’heure.

Jusqu’à présent, les pigistes se voyaient appliquer un mode de calcul discriminatoire au motif qu’ils ne pouvaient justifier d’horaires de travail puisque travaillant au travail rendu. Pour avoir droit aux IJ on leur demandait d’avoir cotisé sur un salaire représentant 1015 fois le SMIC horaire sur 6 mois, le double sur un an soit 20 604,50 euros brut !

Non seulement, cela revenait à exclure plus de la moitié des pigistes du bénéfice des prestations, mais ceux-là se voyaient du même coup privés du maintien du salaire par l’employeur prévu par la Convention collective nationale de travail des journalistes et des prestations de régime complémentaire de prévoyance mis en place en 2015.

Cet arrêté rétablit le principe d’égalité des droits, à salaire égal prestation égale, qui est au cœur du système français de protection sociale et qui représente un acquis essentiel des salariés.

Nous ne pouvons que nous en féliciter même si nous sommes conscients du chemin qu’il reste à accomplir pour que les journalistes rémunérés à la pige voient leurs droits de salariés totalement reconnus.

Car lutter contre la précarité suppose qu’on leur permette d’abord de bénéficier d’un emploi, à l’heure où, notamment du fait de la crise sanitaire, des dizaines et des dizaines d’entre eux se retrouvent sans commande, privés d’une partie ou de la totalité de leur travail et de leurs revenus. Cela passe par le maintien des budgets piges dans les entreprises, par un accès facilité aux prestations chômage.

Cela demande aussi une application stricte de la loi Cressard, de la Convention collective et du Code du Travail au bénéfice des journalistes pigistes, l’établissement de vraies grilles de salaires dans toutes les formes de presse.

Le combat pour les revendications continue !

Paris, le 2 novembre 2020

Retrouvez ici l’arrêté paru au JO :
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000042475357