Déclaration finale du 28e Congrès du SGJ-FO

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Le 28e Congrès du Syndicat général des Journalistes Force Ouvrière, réunit les 26, 27 et 28 mars 2025 à Paris, réaffirme sa détermination à combattre pied à pied pour la défense des intérêts matériels et moraux des journalistes, et la préservation de toutes les dispositions de leur Convention collective nationale de travail.

Au nom du remboursement d’une « dette » qui n’est pas celle des salariés, le pouvoir veut, au compte des intérêts patronaux et financiers qu’il représente, porter de nouveaux coups à toutes les conquêtes sociales arrachées par les luttes du monde du travail.

Au cœur de ce déchaînement, il y a bien sûr la réforme des retraites, toujours massivement rejetée par les salariés et dont la grande majorité veut toujours l’abrogation. Aujourd’hui, le gouvernement veut aller encore plus loin dans le pillage des retraites, avec son projet de retraite par capitalisation, et plus généralement de la sécurité sociale et des services publics.

Pour défendre leurs acquis, droits, salaires et emplois, les salariés ne peuvent compter que sur leur action commune et celle de leurs organisations. Cela suppose que le syndicalisme ne saurait s’associer ou s’assujettir à l’élaboration ou la mise en place des plans gouvernementaux ou patronaux, via des conclaves ou autre, visant à la liquidation des conquêtes sociales et des libertés publiques.

De la même manière, le mouvement syndical ne saurait se ranger derrière un prétendu « effort de guerre » qui n’aurait pour seule finalité que l’abandon des revendications des salariés. Pour le SGJ-FO, les combats pour la paix, le pain et la liberté sont indissociables, partout dans le monde.

Profondément attaché à l’indépendance syndicale, le SGJ-FO en appelle au combat uni pour les revendications de justice sociale et de liberté, ce qui suppose que soient rejetées toutes formes de discriminations et de division au prétexte des origines ou des orientations politiques, religieuses ou sexuelles des uns ou des autres.

Face aux suppressions d’emplois, réorganisations et plans sociaux qui se multiplient dans de nombreux titres, aujourd’hui encore au Parisien et au Courrier Picard, le SGJ-FO apporte son soutien à toutes les rédactions qui refusent cette casse de l’emploi, qui n’est justifiée que par des intérêts comptables à court terme. Il soutient leurs revendications d’effectifs nécessaires dans tous les services, seuls à même de préserver l’existence d’un journalisme de qualité et de bonnes conditions de travail.

D’année en année, la profession de journaliste ne cesse de se paupériser sous les effets conjugués du blocage des rémunérations, de la précarité et de l’individualisation des salaires. Partisan d’un retour à l’échelle mobile des salaires, le SGJ-FO revendique au minimum l’indexation générale de tous les salaires sur l’augmentation du niveau du SMIC. Il revendique une augmentation immédiate et générale de 5% des barèmes minimum, et pour les piges un prix minimum du feuillet à 60 euros.

Le Congrès dénonce les obstacles dressés par les employeurs à la mise en application de la loi sur les droits voisins qui, 5 ans après sa promulgation, reste à l’état embryonnaire. Il exige une véritable transparence sur les montants réellement perçus par les entreprises, à rebours de l’opacité actuelle, ainsi que l’arrêt des procédures judiciaires dilatoires de ces dernières. Il revendique que la loi fixe au minimum à 30%, comme en Allemagne, la part « appropriée et équitable » due aux journalistes au titre des droits voisins.

Le Congrès appelle l’ensemble de ses sections et adhérents à faire de la lutte contre la précarité croissante de la profession une priorité de leur action, à combattre toutes les formes d’emploi dérogatoires au Code du Travail et à la Loi Cressard qui permettent aux employeurs de disposer d’une main d’œuvre à bas coût et subissant de plein fouet toutes les entraves au libre exercice du métier et toutes les pressions.

Aujourd’hui, la France se classe au 21e rang mondial pour la liberté de la presse et les journalistes sont de plus en plus victimes de poursuites, de pressions, de menaces et intimidations indignes d’une démocratie, à l’heure où la désinformation sur les réseaux sociaux rend pourtant plus que jamais nécessaire de protéger les moyens d’une information libre et responsable.

Le Congrès exige que soient donc abrogées toutes les dispositions traduisant cette dérive autoritaire et ayant notamment abouti à vider de leur substance des pans entiers de la loi sur la liberté de la presse de 1881. Il réitère son exigence d’une loi réellement protectrice du secret des sources qui ne soit plus conditionnée par le principe « d’impératif prépondérant d’intérêt public » permettant toutes les dérives.

La défense de la liberté d’informer impose aussi de combattre pour une information digne de ce nom, non soumise aux intérêts particuliers, mercantiles, idéologiques ou propagandistes, que certains employeurs ou groupes veulent y substituer. Cela suppose notamment des mesures résolues contre la concentration des médias entre les mains de quelques milliardaires et les dérives éditoriales qui en découlent, largement dictées par la recherche d’audience et le référencement sur les moteurs de recherche.

Le Congrès s’oppose à toute tentative visant à privatiser l’audiovisuel public et notamment au projet gouvernemental de holding. Il revendique pour l’audiovisuel public un financement pérenne à même d’assurer son fonctionnement et son indépendance.

Le Congrès réaffirme qu’il ne peut y avoir de presse indépendante et libre sans journalistes disposant d’un salaire conventionnel garanti, un statut et des droits collectifs leur permettant d’exercer leur métier en dehors de toute pression économique ou idéologique.

Face à l’arrivée massive de l’IA dans les rédactions, le SGJ-FO revendique que son utilisation soit strictement encadrée afin qu’elle ne se transforme pas en danger supplémentaire pour nos emplois, la qualité de l’information, le respect de nos principes éthiques et professionnels, le droit de la propriété intellectuelle des journalistes. Il revendique des accords qui cadrent l’usage de l’IA dans chaque rédaction.

28e Congrès du SGJ-FO, Paris les 26, 27 et 28 mars 2025