Le 16 mars, le Sénat entamera l’examen de la proposition de loi sur la sécurité globale. Face au puissant mouvement de rejet que suscite cette loi attentoire aux libertés, et en premier lieu au droit d’informer et d’être informé, le Sénat, via sa commission des lois, a tenté de déminer le terrain avant le début des discussions.
Mais sans toucher à l’essentiel du texte déjà voté par l’Assemblée nationale.
Ainsi l’article 24, qui fait des journalistes et de tous ceux qui filment l’action des forces de l’ordre des délinquants potentiels, serait désormais divisé en deux infractions punissant l’une « la provocation à identifier » commise à l’encontre d’un policier « dans le but manifeste qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, à [son] identification », l’autre le traitement de données personnelles de fonctionnaires, si ce traitement contrevient à la loi informatique et liberté et au règlement général sur la protection des données (RGPD).
Quant à l’article sur l’utilisation des drones pour la surveillance des manifestations, il n’a quasiment pas été modifié, de même que celui sur l’ulisisation des caméras piétons, puisque cette attribution a été élargie par la Commission des lois du Sénat, par exemple aux polices municipales.
En clair, la logique liberticide de la proposition de loi sécurité globale n’est aucunement remise en question.
Pour le SGJ-FO, ce texte est et reste inacceptable: réécrite ou pas la loi sécurité globale doit être retirée tout comme le Schéma national du maintien de l’ordre (SNMO) qui en est le pendant.
Ces textes sont inacceptables car ils touchent à un des fondements même de la démocratie : le droit d’informer et le droit pour les citoyens d’être informés. Ils entravent le libre exercice du métier des journalistes et des professionnels de l’information, ils entravent la liberté des citoyens, ils sont un blanc-seing donné aux violences policières.
Dans un contexte d’état d’urgence, ils s’inscrivent dans la volonté du gouvernement d’imposer un contrôle accru de la population, de l’empêcher de s’exprimer, de manifester, de contester ou même de se rassembler.
La «sécurité globale» ce sont aussi les trois décrets qui sont venus récemment donner la possibilité d’un fichage massif des citoyens et de leur entourage en fonction de leurs opinions syndicales, politiques ou philosophique, de leurs activités, et même de leur santé. Ce sont les dispositions de la loi prétendant conforter les principes républicains qui ouvrent la voie à un contrôle de l’ensemble des associations par exemple.
Depuis novembre, nous sommes des milliers dans toute la France à exiger le retrait de la proposition de loi sur la sécurité globale et du SNMO. Des journalistes et des professionnels de l’information, mais aussi des jeunes, des étudiants, des salariés de tous secteurs, des citoyens unis autour de cette revendication. Tous ceux qui rejettent la dérive de plus en plus nette du pouvoir vers un Etat autoritaire et la multiplication des lois liberticides.
Depuis novembre, face à cette mobilisation, le pouvoir manoeuvre, multiplie les diversions, les faux-semblants. Mais le président de la République, Emmanuel Macron n’a toujours pas répondu à la lettre ouverte que lui ont adressé les syndicats de journalistes et les initiateurs de la mobilisation, pas plus qu’il n’a daigné les recevoir.
Qu’il sache, lui, comme les sénateurs et les députés, que tant que ces textes liberticides ne seront pas abandonnés, nous continuerons à défendre sans relâche nos libertés.
Le 16 mars un rassemblement est appelé devant le Sénat. D’autres manifestations et rassemblements auront lieu dans toute la France le 20 mars.
Le SGJ-FO appelle ses adhérents et tous les journalistes à y participer pour:
– le retrait de la PPL Sécurité globale et du SNMO,
– le retrait des décrets élargissant le fichage
– le rétablissement plein et entier des libertés de se rassembler, de s’exprimer et de manifester.