Si tu savais, Christian…

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Le traitement dans nos journaux de l’agression dont a été victime notre confrère Christian Lantenois a créé un malaise au sein de la rédaction.

Cette agression a été perpétrée par des personnes délinquantes et en préparation de rixe. Ce n’est pas une atteinte qui remet profondément et durablement en cause la démocratie comme les professionnels de la récupération ont voulu le faire croire. Cette démocratie est bien davantage malmenée par le contenu de la loi Sécurité globale, par l’état d’urgence permanent, par la criminalisation des lanceurs d’alerte ou la directive Secret des affaires.

Elle est, cette liberté d’agir, au moins tout autant menacée par le contrôle interne exercé sur les journalistes de notre entreprise, par le « profilage » des entrants, par la pression induite par l’exploitation surabondante des faits-divers, par la culture du résultat… et un management qui jusque là, a peu considéré comme essentiel l’état de santé des journalistes.

La section de l’union/L’ardennais du SGJ-FO déplore la communication, à quelques mois des Présidentielles, d’un Gouvernement en difficulté auprès de médias dont il veut restreindre la liberté d’agir. Cette communication ne devrait pas concerner nos journaux. Or c’est bien Darmanin, en visite informelle qui s’est affiché dans nos pages, pages dans lesquelles on défendait une « liberté de la presse », alors qu’aucune interview contradictoire du ministre n’était prévue ou autorisée. De qui se moque t-on ?

Non, la bienveillance n’est pas au rendez-vous.

Le bel échange organisé ce jeudi par l’intersyndicale CGT-SNJ- CFDT a montré de manière flagrante que beaucoup déploraient ce traitement de l’agression. Des consœurs et confrères, parfois au bord des larmes, ont exprimé leur souffrance avec une force et une dignité admirables.

La lecture d’une lettre poignante de l’épouse de Christian a renforcé ce que beaucoup pensent et qui ne s’exprimait pas jusque là. Une solidarité dans l’épreuve est désormais à l’oeuvre.

Malheureusement, ces éléments viennent d’être balayés par un communiqué d’autojustification de la direction qui ignore la souffrance et le ressenti de la famille de Christian, qui minimise celles de ses consoeurs et confrères. Elle va jusqu’à promouvoir, via son groupement patronal, ses interventions… politiques ! et veut faire adopter un statut particulier pour les journalistes alors que les représentants la profession ne le demandent pas et ne le veulent pas !

Dans ce contexte, le syndicat général des journalistes Force ouvrière, regrette les interprétations inappropriées de la direction et de la rédaction en chef et s’associe sans réserve aux démarches qui seront entreprises pour qu’un acte fort permette aux journalistes de travailler sereinement sans avoir à rougir des choix de leur hiérarchie.

Le 12 mars 2021