Non aux mesures d’exception, levée de l’état d’urgence !

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On ne peut prétendre défendre la liberté des citoyens en s’attaquant à leurs libertés.

A la suite de la terrible tragédie du 13 novembre, le président de la République, le gouvernement et le Parlement ont instauré l’état d’urgence pour trois mois, voire davantage, au nom de la lutte contre le terrorisme.

Pendant ce temps, les attaques contre le Code du travail, la santé, avec la loi Touraine, et toutes les contre-réformes de destruction des droits ouvriers se poursuivent, qu’il s’agisse de la mise en place du Compte personnel d’activité ou de la Loi Macron 2.

 

Dans une surenchère sécuritaire sans précédent, l’état d’urgence autorise une restriction générale des libertés publiques et individuelles, au nombre desquelles la liberté d’expression déjà mise à mal par la loi sur le renseignement, en accordant aux autorités administratives des pouvoirs coercitifs étendus, dans le plus total mépris du principe de séparation des pouvoirs.

 

C’est le cas pour les perquisitions administratives, qui n’ont, les exemples abondent, souvent rien à voir avec la lutte antiterroriste, mais qui permettent, en dehors de tout contrôle judiciaire, la saisie de l’ensemble des éléments figurant par exemple sur un ordinateur.

La surveillance généralisée des sites internet et réseaux sociaux devient la règle et nous avons échappé de peu à un amendement porté par vingt députés (socialistes) proposant un contrôle total de la presse.

L’assignation à résidence pourra être imposée à tout citoyen pour qui il existe « des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour la sécurité et l’ordre public », formule vague s’il en est qui ouvre la porte à toutes les interprétations et à l’arbitraire le plus total.

La liberté de manifestation et d’association est elle aussi menacée au nom de la « sécurité », le pouvoir pouvant même aller jusqu’à dissoudre les groupements ou associations supposés « porter atteinte à l’ordre public ».

 

Comme syndicalistes attachés au droit des salariés de revendiquer, de manifester, de s’organiser pour faire prévaloir leurs intérêts particuliers face aux patrons, nous jugeons inacceptable que ces mesures persistent.

Comme journalistes attachés à leur indépendance et à la liberté de la presse, nous ne pouvons accepter cette volonté de la museler.

Comme citoyens, nous affirmons qu’on ne lutte pas contre la barbarie et la terreur par la restriction des libertés publiques, par la peur et par la guerre, mais au contraire par la protection des droits de tous, dans le respect de la démocratie et des principes de la République.

 

L’état d’urgence doit être levé sans délai.

 

Paris, le 3 décembre 2015