Après la dénonciation brutale par le PDG de l’ensemble des accords régissant les conditions de travail de tous les salariés de l’entreprise, des négociations sont engagées depuis octobre entre la direction et les syndicats pour élaborer un nouveau cadre social.
Ces négociations n’ont jusqu’à présent débouché sur aucune avancée concrète, la direction restant arc-boutée sur sa volonté de revoir à la baisse la plupart des acquis sociaux et conventionnels du personnel.
En réponse, les syndicats CGT, FO, CFDT et CFE-CGC ont appelé le personnel à une Assemblée générale le 14 janvier, pour exiger une nouvelle fois le maintien de leurs acquis et de véritables négociations. Plus que jamais, l’heure est donc à la mobilisation.
Les « propositions » de la direction se résument en effet à un « accord-cadre » à minima, reprenant pour l’essentiel des dispositions du Code du Travail mais faisant table-rase, avec une extrême brutalité, des acquis spécifiques arrachés durant des décennies par l’action syndicale.
La direction entend notamment diminuer voire carrément supprimer les RTT. Alors qu’aujourd’hui, les salariés disposent de 14 à 18 jours de RTT par an, selon les catégories, seuls les salariés en horaires dits « libres », c’est-à-dire en grande majorité les journalistes en production (à l’exception des expatriés) en conserveraient 7 jours par an. En matière de congés payés, les ouvriers et les cadres techniques perdraient 6 à 7 jours.
Tsunami social
En additionnant RTT et congés supprimés, tous les salariés de l’AFP devraient travailler, selon les cas, entre 5 jours et 22 jours de plus, le tout bien évidemment sans compensation salariale. Qui pourrait accepter cela ?
La direction entend également supprimer toute référence à la convention collective de la presse parisienne en matière de salaires et de qualifications pour appliquer la convention des agences de presse, nettement moins favorable socialement. Une mesure qui cible tout particulièrement les métiers techniques.
Elle propose ainsi de remplacer le système actuel de classification des ouvriers, des employés et des cadres hors rédaction par une nouvelle grille de qualification construite sous la forme de « fonctions » réparties en 10 niveaux de qualification.
Les nouveaux barèmes « simplifiés » se traduiraient par des baisses vertigineuses de certains salaires d’embauche (-33% pour un jeune ingénieur informaticien par exemple) et de fin de carrière.
Toutes les catégories de personnel devraient également se résigner à un quasi-blocage des salaires et sans doute à une individualisation de plus en plus importante, avec la remise en cause des plans de carrière.
On l’aura compris à la lecture de ces quelques exemples, c’est bien d’un tsunami social qu’il est question dans une des plus grosses entreprises de la presse française. Un tsunami qui pourrait s’étendre demain à bien d’autres titres et entreprises du secteur si le PDG de l’AFP parvenait à ses fins. Raison de plus pour ne pas le laisser faire !