Dérive autoritaire

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En choisissant de faire adopter via le 49-3, sans vote et après un simulacre de débat au Parlement, sa loi Travail, le gouvernement a choisi l’épreuve de force. Au mépris de ce que disent les Français, qui rejettent toujours à 70% ce texte scélérat. Au mépris du puissant mouvement de grèves et de manifestations qui s’est exprimé durant quatre mois pour dire : « Ce projet n’est ni amendable ni négociable ! Retrait ! »

Isolé, rejeté par la population, comme jamais sans doute un autre gouvernement sous la Ve République, l’exécutif a décidé de pratiquer la fuite en avant pour faire passer coûte que coûte les projets de destruction des droits collectifs des salariés que lui dictent ses maîtres du Medef et de la Commission européenne.

Dans les semaines à venir, il entend ainsi, non seulement faire passer à la va-vite les quelque 120 décrets d’application de la loi El Khomri, mais aussi mettre en chantier – en tentant d’y associer les organisations syndicales – une « refondation-destruction » du Code du Travail, la suppression de centaines de conventions collectives de branches. Sans compter toutes les attaques en cours contre la protection sociale collective, la santé et l’hôpital public, l’éducation….

Pour mieux faire passer leurs plans, Hollande et Valls pouvaient déjà compter sur tout l’arsenal constitutionnel qui leur donne les coudées franches pour faire passer leurs mauvais coups. Mais depuis quelques mois, ils y ont ajouté la répression et, à la faveur notamment de l’état d’urgence, les atteintes aux libertés démocratiques les plus essentielles.

Il y a eu la loi Urvoas qui étend, au détriment des libertés individuelles, le pouvoir de l’administration dans toute une série de domaines ; il y a eu les perquisitions, les assignations à résidence, les interdictions de séjour de militants dans le cadre d’un état d’urgence, dont l’efficacité contre sa cible, le terrorisme, est de plus en plus mise en cause.

Il y a eu les interdictions de manifester ; il y a eu les violences contre les jeunes et les militants syndicaux dans les cortèges. Il y a aujourd’hui la répression contre des militants syndicaux, traités comme des criminels par le gouvernement et les procureurs à ses ordres.

Le devoir du mouvement syndical est de mettre un terme à cette dérive autoritaire, de mettre en échec la hargne antisyndicale et anti-ouvrière de ce gouvernement. Et il faudra bien qu’il s’en donne les moyens.