Loi Travail : et maintenant ?

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Le 21 juillet, la loi Travail a été adoptée par le Parlement après que le Premier ministre Manuel Valls eut engagé pour la 3e fois la responsabilité de son gouvernement sur ce texte et qu’aucune motion de censure n’eut été déposée.

Etrange démocratie que cette Ve République où seulement trois députés présents en séance ce jour-là peuvent ainsi valider un texte qui n’aura donc jamais été voté par la représentation nationale.

Et surtout quel contraste entre ce véritable coup de force et l’opposition massive que continue de susciter cette loi dans la population et chez les salariés qui se sont mobilisés par centaines et centaines de milliers cinq mois durant, dans la rue et dans les entreprises par les grèves, les manifestations, les blocages, pour exiger son retrait !

Malgré ce déni de démocratie, malgré toutes les tentatives pour museler l’expression des revendications de classe des salariés, que ce soit par la violence policière dans et en marge des manifestations, malgré l’état d’urgence, prolongé jusqu’en janvier 2017, ou les condamnations de militants syndicalistes, ce gouvernement à la solde des patrons et des actionnaires aurait tort de considérer que les choses sont désormais pliées.

La volonté de combattre cette loi et ses conséquences reste intacte dans le monde du travail – et au-delà – et c’est bien la question de son abrogation qui se trouve désormais posée.

Pas plus aujourd’hui qu’hier, les salariés ne sauraient en effet accepter un texte qui instaure l’inversion de la hiérarchie des normes c’est-à-dire la possibilité de signer des accords d’entreprise dérogeant aux accords de branche en matière de temps de travail, de congés, de paiement des heures supplémentaires, sans que les commissions paritaires de branche puissent s’y opposer puisqu’elles n’auront qu’un droit de regard.

Pas plus qu’hier ils ne peuvent cautionner un texte qui vise (entre autres) à faciliter les licenciements et instaure, via le compte personnel d’activité une individualisation des droits jusqu’à présent collectifs et renforce la précarité.

Les confédérations syndicales, dont FO, vont désormais être appelées à se prononcer sur les très nombreux décrets d’application nécessaires à la mise en œuvre de la loi Travail (plus d’une centaine) dans le cadre de ce que le gouvernement présente frauduleusement comme le « dialogue social », mais qui vise en réalité à entraîner les syndicats dans la mise en œuvre de ses projets anti-ouvriers.

Et ceux-ci ne s’arrêtent d’ailleurs pas à la seule loi El Khomri, puisque le gouvernement entend d’ici deux ans « refonder » totalement le Code du Travail ou encore drastiquement diminuer le nombre de branches professionnelles et les conventions collectives qui vont avec.

Ce n’est pas dans le cadre de ce « dialogue social » là qu’on peut envisager de mettre échec le gouvernement et d’imposer l’abrogation de la loi Travail. Cela ne peut se faire que dans la poursuite de la mobilisation des salariés qui, quoi qu’en disent certains, restent prêts à combattre.

Encore faut-il que l’action qu’on leur propose ne se limite pas à une énième journée d’action le 15 septembre, comme cela semble se dessiner. Nous en avons fait 14 au printemps et le projet de loi n’a pas été retiré, bien que ce gouvernement soit rejeté et isolé comme jamais. Alors n’est-il pas temps de poser la question de la grève totale jusqu’à l’abrogation ?