France Télévisions : la direction entend toujours supprimer 950 emplois ! Inacceptable !

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Deux mois après entamé des négociations sur son « plan de restructuration des effectifs », la direction de France Télévisions campe toujours sur sa volonté de faire partir, via un plan de rupture conventionnelle collective, quelque 2 000 salariés de l’entreprise publique pour les remplacer par un millier d’autres.
Aujourd’hui, elle condescendrait apparemment à « adoucir » ce plan en acceptant que le nombre de suppressions nettes d’emplois ne soit plus de 1 000 mais « seulement » de 950 !
De qui se moque-t-on ? 950 suppressions d’emplois en préparation : ce serait un des pires plans sociaux parmi ceux que connaît actuellement le pays. Plus que les 850 départs de salariés que va entraîner la fermeture de l’usine Ford à Blanquefort, que tous les syndicats ont à juste titre condamnée.
Faudrait-il accepter ici ce qu’on refuse là. Non. Un plan de destruction d’emplois reste un plan de destruction d’emplois, quel que soit le nombre de ses victimes. Et le rôle d’un syndicat est de le combattre.
Dans sa grande bonté, la direction de France Télévisions serait également prête à revoir « à la hausse » les conditions financières proposées aux « partants ».
Là encore, de qui se moque-t-on quand un journaliste ayant par exemple 15 ans d’ancienneté se verrait proposer une indemnité défiscalisée de 10 mois de salaire brut, soit 5 de moins que ce que prévoit la Convention collective des journalistes (article L.7112-3 du Code du Travail) ? Seuls ceux ayant 30 ans d’ancienneté pourraient prétendre à toucher ces 15 mois de salaire.
Comme nous l’affirmions dans un précédent document, la direction de France TV entend utiliser à fond l’arme de la rupture conventionnelle collective (RCC), offerte par les ordonnances Macron, pour contourner le droit du licenciement économique et imposer des indemnités de départ au rabais.
Et ce ne sont pas quelques « carottes » financières à la marge, ou quelques aménagements cosmétiques, comme la promesse d’ouvrir… en 2020 des négociations sur un accord d’intéressement sur 3 ans, qui vont changer la nature profonde de ce plan de casse sociale.
Un des arguments de la direction pour mieux vendre son plan était de faire miroiter l’embauche de salariés précaires de longue date pour remplacer les « partants ».
Le moins qu’on puisse dire, c’est que les négociations n’ont pas permis d’avancer beaucoup dans la concrétisation de ce point, la direction semblant s’en tenir à des projets d’embauche au coup par coup plutôt qu’à un plan général de résorption de la précarité qui seul aurait du sens.
Il est vrai que côté choix stratégiques, les hauts dirigeants de France TV restent dans le flou le plus total, l’essentiel à leurs yeux étant d’aboutir aux 400 millions d’économies exigés par l’Etat qui, rappelons-le, va encore baisser sa dotation à FTV de 26 millions d’euros en 2019.
Et qu’importe si cette politique d’austérité et la course aux gains de productivité qu’elle implique se traduit par l’affaiblissement du service public et, pour son personnel, par toujours plus de pression et de détérioration des conditions de travail, par toujours plus de polyvalence imposée par la casse des métiers.
Au nom de cette politique, la direction de France TV a déjà engagé la marche à la réduction du périmètre de l’entreprise avec notamment les disparitions programmées de France 4 et de France Ô, des éditions nationales de France 3, les externalisations à tour de bras… Les plus grandes incertitudes pèsent sur la pérennité de plusieurs sites, dont celui de Malakoff, sur les locales de France 3.
Derrière les mots ronflants, les grandes déclarations sur « l’innovation », « la nécessaire transition vers le numérique », « la télévision de qualité », il n’y a en fait qu’une vulgaire politique de destruction des activités et des missions de la société publique, de baisse drastique des effectifs.
D’ailleurs, comment ces objectifs pourraient-ils être atteints alors que ceux qui sont censés les mettre en oeuvre seraient de moins en moins nombreux et soumis à une charge et des organisations de travail de plus en plus insupportables ?
Penser qu’il serait possible d’accepter ce plan au nom du moindre mal ne serait en rien une garantie pour l’avenir. Les deux précédents plans de départs, qui ont déjà entraîné, depuis 10 ans, la perte d’un millier d’emplois sont là pour le prouver.
La seule chose qui peut garantir le personnel c’est de faire échec à la RCC, c’est l’unité du personnel et de ses organisations syndicales sur cette revendication claire et nette.
Paris, le 12 mars 2019