Blocage des salaires : l’AFP condamnée

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​Par un jugement du 5 décembre, le TGI de Paris, saisi par plusieurs syndicats dont Force Ouvrière, a condamné la direction de l’agence France Presse à appliquer à l’ensemble de son personnel – journalistes, ouvriers, employés et cadres – les augmentations de salaires décidées par la presse quotidienne nationale (SPQN) pour les années 2013 et 2014. Au mépris des conventions et des usages en vigueur, la direction de l’AFP avait décidé unilatéralement de ne plus accorder les augmentations de la PQN, appliquant un blocage des salaires de fait qui se poursuit encore aujourd’hui.
​Selon le jugement du TGI​, l’AFP est ainsi condamnée à appliquer les différents paliers d’augmentation des salaires décidées ces deux années :

 

– 0,4% au 1er mars​ 2013 ; 0,5% au 1er mai  2013 ; 0,5% au 1er avril 2014 ​pour les catégories ouvriers et cadres techniques

– ​0,5% au  1er mai 2014 ​pour les catégories employés, cadres administratifs et journalistes.

 

La justice ​a ​condamn​é  également l’AFP à payer à chacun des syndicats plaignants des dommages et intérêts à hauteur de 1.000 euros et une indemnité globale de 3.500 euros.

​Non contente de faire appel de ce jugement, la direction de l’AFP s’est livrée à une charge d’une rare violence contre les syndicats qui osent « alimenter des revendications » allant à l’encontre de « l’intérêt général » de l’agence et a menacé le personnel de représailles  en agitant le spectre de suppressions d’emplois.
Les sections Force Ouvrière de l’AFP (SGJ et SNPEP) lui ont répondu dans un tract ci-dessous.

 

Politique salariale : condamnée, la direction fait appel et menace le personnel

Décidément, la direction a bien du mal à accepter les verdicts de la justice française. Condamnée par le TGI de Paris dans le contentieux qui l’opposait à plusieurs syndicats, dont FO, sur la non application des augmentations salariales décidées par la presse quotidienne nationale (SPQN), elle a annoncé qu’elle faisait appel de cette décision « lourde de conséquences » et se livre à une violente charge contre les syndicats ayant eu l’impudence de porter l’affaire en justice.

Pire, elle ose menacer l’ensemble du personnel de représailles, en laissant planer des menaces sur la « pertinence du niveau d’emploi » !

Selon nos dirigeants, les syndicats CGT, FO, rejoints par SUD, auraient, en faisant condamner la direction de l’agence, mis en péril la situation financière de l’AFP, au mépris de « l’intérêt général de l’AFP et de son développement dans la concurrence mondiale ».

Si la justice a condamné la direction, c’est qu’elle l’a jugée fautive (et ce n’est pas la première fois en matière sociale).  La décision du Tribunal, qui va jusqu’à évoquer une « intention de mauvaise foi » de la part de nos dirigeants, ne souffre d’aucune ambigüité à ce sujet.

Notons ensuite que c’est la direction qui est garante de « l’intérêt général » de l’agence et de son développement. Par son implication de chaque jour, le personnel a largement montré que dans ce domaine il n’a aucune leçon à recevoir de M. Hoog.

Quant aux organisations syndicales, leur vocation est de défendre les intérêts, notamment salariaux, du personnel. Malgré les diatribes de la direction contre les syndicats qui « continueront à alimenter des revendications », FO a bien l’intention de continuer à le faire. N’en déplaise à M. Hoog qui ne rêve que de syndicats à sa botte mais qui ferait mieux de balayer devant sa porte.

Voici un rappel des faits :

. Depuis son arrivée à la tête de l’agence en 2010, M. Hoog a multiplié par quatre l’endettement de l’agence qui aujourd’hui atteint plus de 80 millions d’euros ;

. M. Hoog a été le promoteur, avec l’Etat et les institutions européennes, d’un changement de statut qui a profondément fragilisé le modèle économique de l’agence, avec notamment la création d’une filiale de « développement » devenue un gouffre financier, et qui a amené la direction à multiplier les projets les plus hasardeux et les plus dispendieux ;

. Malgré cela, la baisse du chiffre d’affaires en 2016 (dernier chiffre connu) n’a été que de 1,5 million d’euros, alors que le budget 2017 anticipe un rebond de 0,7 ME (rapport Sextant) ;

. Durant toutes ces années, c’est le personnel qui a fait les frais de cette gestion calamiteuse, étant largement mis à contribution pour en atténuer les effets via la « politique de maîtrise des charges » ;

C’est ainsi qu’en 2013, M. Hoog, a décidé de ne plus accorder d’augmentation salariale significative au personnel qui perd donc chaque année un peu plus de pouvoir d’achat ;

C’est ainsi qu’il a imposé la dénonciation de tous les accords collectifs en vigueur pour aboutir aux forceps à un accord d’entreprise qui revoit à la baisse les acquis sociaux pour une grande partie de nouveaux salariés de l’agence et qui est le prélude à la diminution des effectifs dans plusieurs secteurs.

Résultat, en 2016, les dépenses de personnel ont été inférieures aux prévisions (rapport Sextant).

Alors, qui est à blâmer dans cette affaire, qui porte atteinte à « l’intérêt général de l’agence » ? Le personnel qui se serre la ceinture depuis cinq ans, qui assure chaque jour un peu plus de taches avec de moins en moins de moyens, dans des conditions de plus en plus préjudiciables à la santé même des salariés ? Ou une direction incapable d’assurer à l’agence un plan de développement crédible, dépensant sans compter pour assurer son image externe ?

La réponse, chacun de nous la connaît.

Quelle que soit l’issue de l’appel de la direction, FO ne saurait accepter le chantage à l’emploi de MM. Hoog et Lacroix.

Nous exigeons dans l’immédiat :

– le remplacement de tous les départs,

– le maintien du recours aux CDD nécessaires dans toutes les catégories

– le maintien des budgets consacrés aux piges et aux missions rédactionnelles

– une augmentation générale des salaires dans l’attente du résultat du jugement en appel

 

Force Ouvrière – Paris, le 13  décembre 2017