Chaque début d’année, les entreprises de presse doivent demander aux salariés s’ils acceptent l’application de l’abattement forfaitaire de 30% sur leurs cotisations à la Sécurité sociale.
Cet abattement (qui n’a rien à voir avec l’abattement fiscal dont bénéficient par ailleurs les journalistes professionnels) constitue une des aides aux entreprises de presse. En appliquant l’abattement de 30% sur les cotisations sociales de ses salariés, l’entreprise fait une économie substantielle sur la masse salariale et elle y a donc intérêt.
Pour les salariés, il n’en va pas de même et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle la loi permet au journaliste de refuser l’abattement par l’employeur de ses cotisations à la Sécurité sociale. Celles-ci vont en effet déterminer le niveau de certains remboursements et prestations mais surtout entrer en ligne de compte pour le calcul du montant de sa retraite future.
Le montant de la retraite de base, dite retraite sécu, est en effet calculé par référence au plafond de la sécurité sociale. Seule la partie du salaire inférieure à ce plafond est prise en compte pour le calcul de la pension. Donc, plus les cotisations portent sur un salaire inférieur à ce plafond plus la retraite sera réduite.
Le mécanisme de l’abattement forfaitaire n’a en revanche pas d’incidence sur le montant des retraites complémentaires.
Comment ça marche ?
En 2018, le plafond de la sécurité social est fixé à 39 732 euros bruts annuels.
L’abattement forfaitaire sur les cotisations sociales est lui-même plafonné à 7 600 euros par an.
Pour déterminer le seuil de neutralité de l’abattement sur le calcul de la retraite de base, il faut donc ajouter ce plafond à celui de la Sécu. On aboutit alors à la somme de 47 332 euros bruts annuels, ce qui correspond à un salaire mensuel brut de 3 640 euros (47 332 : 13).
Si le salarié gagne plus de 3 640 euros bruts par mois, l’abattement des cotisations n’aura donc pas d’incidence sur le montant de sa retraite future et se traduira par un salaire en hausse de quelques euros par mois.
Si le salarié gagne moins de 3 640 euros bruts par mois (ce qui est le cas de l’immense majorité de la profession), l’abattement des cotisations sociales se traduira par une diminution du montant de sa retraite de base pouvant atteindre plus de 300 euros mensuels.
S’il refuse l’abattement, il verra en revanche son salaire net diminuer de 30 à 40 euros par mois.
Le choix du salarié doit également tenir compte de la durée de cotisations, puisque la retraite est calculée sur la moyenne des 25 meilleures années. S’il a plus de 37 ans (pour un âge de départ à 62 ans) et qu’il touche moins de 3640 euros par mois, il aura encore plus de raison de refuser l’abattement.
Pour sa part, le SGJ-FO rappelle son attachement au salaire différé que constituent les cotisations sociales versées par les employeurs, salaire différé qui doit permettre aux salariés, selon le principe de la solidarité, de faire face aux aléas de la vie, de se soigner, d’avoir droit à une retraite digne de ce nom après une vie de travail. Ces cotisations sociales ne devraient en aucune façon servir de variable d’ajustement de la masse salariale au seul bénéfice des employeurs.
Le SGJ-FO rappelle également sa revendication d’une augmentation générale des salaires dans toutes les formes de presse.