Dans une interview accordée le 16 juin au Journal du Dimanche, Nicole Belloubet, ministre de la
Justice, envisage de sortir l’injure et la diffamation de la loi de 1881 sur la liberté de la presse,
pour faire rentrer ces délits de presse dans le droit pénal commun, afin « d’accélérer la
réponse ».
Sous le prétexte de lutter contre les « discours de haine » sur Internet, cette mesure porterait
un coup extrêmement grave à la liberté de la presse, garantie par la loi du 29 juillet 1881, texte
fondateur de la liberté d’expression. socle de la liberté d’expression et de nos valeurs
républicaines.
Sortir la diffamation de la loi de 1881 reviendrait à sortir le journalisme du cadre de la
17 e chambre, ou Chambre de la presse, et sa jurisprudence, qui permet aux journalistes de faire
valoir leur bonne foi en démontrant le sérieux de leur enquête, devant des magistrats
spécialisés.
Faire basculer les délits de presse dans le droit commun reviendrait à vider de sa substance
cette loi de 1881, et à fragiliser l’enquête journalistique, à la merci des procédures-bâillons. Les
groupes de pression divers et variés se frottent les mains : ils n’auront même plus à passer par
la procédure très précise de la loi de 1881, volontairement protectrice pour les journalistes.
Ce gouvernement a décidément un problème avec la liberté de la presse. Il n’a pris aucune
mesure pour protéger les reporters molestés et pris pour cibles par les forces de l’ordre et/ou
des manifestants, depuis plusieurs mois. Il laisse un procureur piétiner allègrement la
protection des sources.
Face à cette nouvelle attaque contre une loi protectrice d’une liberté fondamentale, les
syndicats de journalistes SNJ, SNJ-CGT, CFDT-Journalistes et SGJ-FO appellent l’ensemble de la
profession à se mobiliser pour mettre en échec collectivement ce projet désastreux.
Paris, le 19 juin 2019
Non au détricotage de la loi sur la liberté de la presse
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