Pratiquement deux mois après la décision du Tribunal de Commerce de prononcer la cession du groupe Paris-Turf en faveur d’une holding appartenant à Xavier Niel, les salariés licenciés sont piégés dans une situation inhumaine : ils ne touchent plus un centime alors qu’ils sont dans une période de préavis durant laquelle leur salaire doit être versé. Comble du cynisme des mandataires et administrateurs, certains ont reçu des bulletins de paie avec solde de tout compte… sans rien recevoir sur leur compte en banque !
Les différents interlocuteurs se renvoient la balle, laissant chacun face à ses difficultés de paiement pour la nourriture, pour le logement et pour les dépenses du quotidien. La direction (l’ancienne qui est également la nouvelle) n’a pas l’air de se soucier de la misère dans laquelle elle a précipité un tiers des salariés dont elle avait la responsabilité.
Il faut dire qu’elle ne s’occupe pas plus des salariés repris et que les locaux d’Aix-en-Provence ressemblent à un navire abandonné avec parfois des questions sur le plan sanitaire.
Elles-mêmes victimes du « jeu de la patate chaude » depuis des semaines, les instances représentatives du personnel ne savent plus comment venir en aide aux plus démunis. Les organisations syndicales ont publié un communiqué dénonçant la « mise en danger de la vie d’autrui », sur lequel des salariés vont s’appuyer pour porter plainte. Car le pire est à redouter tant l’indifférence (ou l’incompétence) côtoie l’ignominie dans ce dossier.
Le Syndicat Général des Journalistes Force Ouvrière s’indigne qu’on puisse infliger un tel traitement à des salariés qui n’ont jamais failli dans leur tâche. Il condamne l’incurie de la direction de l’ex-groupe Paris-Turf, des administrateurs et des mandataires. Il rappelle, également, que cet enchaînement inacceptable n’a été rendu possible que parce que les réformes successives, et notamment celles de ce gouvernement, visant à détruire le droit du Travail ont permis la mise en œuvre de telles procédures de cession, aussi occultes qu’immorales.
Paris, le 27 août 2020