Après les mobilisations massives du 17 novembre à l’Assemblée nationale, du 21 novembre au Trocadéro et dans de nombreuses villes, nous serons de nouveau dans la rue le Samedi 28 novembre à Paris et dans toute la France pour exiger le retrait de la proposition de loi sur la sécurité globale et du nouveau schéma national du maintien de l’ordre.
Une loi contre les journalistes et contre la liberté d’informer
Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, l’a confirmé : tout journaliste qui prendra des photos de policiers se livrant à des violences pourra être interpellé, mis en garde à vue, même si ensuite, le juge décide qu’il n’y a pas matière à poursuites.
Les manifestations des derniers jours l’ont confirmé : tout journaliste qui continuera à faire son travail d’information lors d’une manifestation après un ordre de dispersion sera considéré comme enfreignant la loi. Il pourra être interpellé, voir son matériel saisi ou même détruit, nassé, frappé !
Cette proposition de loi, condamnée par de nombreuses institutions internationales (ONU, Commission européenne, fédérations internationales de journalistes) et nationales (défenseur des droits) est non seulement la négation de notre métier, mais une atteinte aux libertés. C’est un blanc-seing donné aux violences policières que nous n’avons que trop connu ces derniers mois et même, de plus en plus ouvertement, ces derniers jours, comme lundi soir Place de la République à Paris.
Une loi contre les citoyens et leur droit à être informé
Cette proposition de loi ne vise pas que les journalistes. En entravant leur liberté, c’est le droit de chaque citoyen à être informé qui est nié. Si les journalistes, pourtant protégés en théorie par leur statut professionnel, ne peuvent plus faire leur travail, montrer ce qui se passe par leurs images, leurs écrits, sans risquer d’être considérés comme des délinquants, qui le fera ? Les citoyens eux-mêmes via les réseaux sociaux, alors qu’eux ne sont pas protégés par un statut professionnel et donc encore plus susceptibles d’être interpellés, poursuivis ?
En outre, tous les articles de cette loi vont dans le sens d’un contrôle accru de la population de l’utilisation renforcée des drones de surveillance à la reconnaissance faciale via les caméras des policiers, en passant par le renforcement des pouvoirs de polices municipales voire des sociétés de sécurité privée.
Une dérive vers un Etat autoritaire
Toute ces mesures illustrent la dérive de plus en plus nette du pouvoir vers la mise en place d’un Etat autoritaire.
Pour nous, journalistes, elles interviennent après la loi sur le secret des affaires qui interdit de révéler des informations considérées comme préjudiciables aux entreprises, notamment aux multinationales. Il y a eu aussi la loi sur les « fausses nouvelles », les multiples atteintes à la loi de 1881 sur la liberté de la presse au nom de la lutte anti-terroriste, les poursuites contre desjournalistes accusés d’avoir enfreint le secret défense, les entorses à la protection des sources…A chaque fois, c’est notre capacité à informer librement qui a été attaquée.
Dans le contexte de la crise sanitaire, le pouvoir a imposé des mesures d’exception qui non seulement entravent la liberté des salariés, des jeunes, de tous les citoyens de s’exprimer, de se rassembler, de manifester, mais qui lui permettent en outre de gouverner par ordonnances et d’imposer, en dehors de tout contrôle démocratique, des mesures dérogatoires au droit, en matière sociale notamment.
Libertés démocratiques, droits sociaux : un seul et même combat
Qui ne voit pas en effet le lien entre les atteintes aux libertés démocratiques et une politique visant à remettre en cause les droits sociaux, dans tous les secteurs.
Concernant les journalistes, il y a deux façons de s’attaquer à la liberté d’informer : la première est d’imposer des lois leur interdisant d’’exercer leur métiercomme cette PPL ou le SNMO. L’autre, c’est de supprimer les emplois par centaines, de précariser encore et toujours davantage une profession qui compte déjà 30% de précaires dans ses rangs sans oublier les centaines qui n’ont même pas les revenus suffisants pour prétendre à la carte de presse. Dans les deux cas, c’est le statut des journalistes qui est remis en cause.
Voilà pourquoi, dans l’unité la plus large, nous vous appelons à vous joindre à l’action pour imposer le retrait de la proposition de loi sur la sécurité globale et la défendre les libertés publiques.
C’est le combat de tous les citoyens.
C’est le combat de toute la profession.
Le SGJ-FO vous appelle à participer massivement aux manifestations appelées ce samedi 28 novembre à Paris et dans de nombreuses villes de province.
A la Paris, une marche est prévue à 14H00 entre République et Bastille, où se tiendra ensuite un rassemblement avec prises de paroles (Cette manifestation n’ayant pas encore été autorisée par la Préfecture de police, nous vous tiendrons informés du lieu de rassemblement).