Depuis la loi Travail d’août 2016, chaque branche professionnelle est tenue de mettre en place une commission permanente paritaire de négociation et d’interprétation (CPPNI) de sa convention collective.
A ce jour, la Convention collective nationale de travail des journalistes est toujours dépourvue d’une telle instance. Cette carence est devenue un frein au dialogue social et à la pratique paritaire dans notre branche. En effet, plusieurs fédérations patronales ont décrété que, faute de cadre légal adapté, il n’y aurait plus de négociation salariale concernant les journalistes. Sans compter toutes celles qui depuis des lustres ne négocient sur rien et surtout pas sur les salaires.
Face à cette situtaion, les syndicats représentatifs de la profession, dont le SGJ-FO, avaient écrit le 19 octobre 2020 aux fédérations patronales en leur demandant d’ouvrir une négociation débouchant sur la création d’une CPPNI.
La réponse nous est parvenue 5 mois plus tard sous la forme d’une lettre signée par les neuf organisations patronales de notre champ conventionnel, dans laquelle ils se disent favorables à l’ouverture d’une telle négociation.
Toutefois la teneur de cette lettre est lourde d’interrogations voire d’inquiétudes sur le sens que les employeurs entendent donner à cette négociation. En effet, si selon eux la constitution d’une CPPNI «renforcera le dialogue social dans la branche», elle offrira également «un cadre adéquat pour un examen approfondi de l’ensemble de la convention».
Que faut-il entendre par «examen approfondi»? Les responsables du Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM) ont sans doute levé un coin du voile sur les intentions patronales à l’occasion de la dernière séance de négociation sur les salaires (voir communiqué sur notre site journalistesfo.fr).
Refusant pour la énième année toute augmentation des salaires minima des journalistes de la presse magazine, ils ont conditionné une éventuelle évolution ultérieure des grilles à un «examen des points bloquants» qui existeraient, selon eux, dans notre convention collective. Les employeurs ont évoqué la création d’un groupe de travail sur ce sujet dans le cadre de la mise en place de la CPPNI.
Interrogés par le représentant du SGJ-FO, les responsables du SEPM ont refusé de préciser ce qu’ils entendaient par «points bloquants».
Nous le disons tout net aux employeurs: nous ne laisserons pas la négociation sur la CPPNI être l’occasion d’une remise en cause d’une seule disposition de notre Convention collective. Malgré leur politique de casse des emplois, de dégradation des conditions de travail, de gel des salaires les employeurs n’ont jamais pu encore s’attaquer frontalement à la Convention collective, garante de notre statut professionnel.
Une fois de plus nous ne le permettrons pas et allons nous adresser en ce sens aux autres syndicats représentatifs des journalistes afin que nous puissions faire front commun face aux employeurs.
Bas les pattes devant notre convention collective ! Maintien de toutes ses dispositions et garanties: voilà ce que nous irons dire aux patrons.