D’inacceptables entraves à la liberté d’informer

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Paris, mercredi 13 avril 2022 — Le soir du premier tour, Marine Le Pen, candidate du RN, a refusé l’accès à son quartier général aux journalistes de l’émission « Quotidien », sur la chaîne TMC. Interrogée à ce sujet, elle a répondu : « Il n’y a pas de journalistes chez Quotidien. Ce n’est pas une émission d’information. (…) » Et lorsqu’un journaliste lui a posé la question : « C’est vous, Madame, qui décidez de qui est journaliste ? », elle rétorque : « Oui, j’assume, c’est moi qui décide. J’ai décidé, il y a plusieurs années, que Quotidien était une émission de divertissement. »

N’en déplaise à Madame Le Pen, ce n’est pas à un candidat, un responsable politique, un élu, un ministre, ou un président, de décider qui est journaliste et qui ne l’est pas. 

Cette déclaration conforte un peu plus le climat délétère dans lequel se sont multipliées les agressions et menaces à l’encontre des journalistes, pris pour cible dans certaines manifestations ou meetings d’extrême-droite.

Mais il faut noter que ce climat doit beaucoup à toutes les mesures prises ces dernières années, par les gouvernements successifs, pour affaiblir la liberté d’informer et d’être informé. 

Tout aussi inacceptable, d’ailleurs, est le sort réservé au soir du premier tour à notre consoeur, journaliste de L’Obs, interpellée par les forces de l’ordre alors qu’elle se trouvait avec une poignée de « Gilets jaunes » à Paris. Bien qu’ayant immédiatement décliné son identité de journaliste, et précisé qu’elle faisait son travail, elle a été nassée, retenue contre son gré et verbalisée pour « participation à une manifestation illégale » – à la suite de la publication en ligne d’un article relatant les faits, la préfecture de police de Paris a fini par appeler la direction de l’hebdomadaire pour s’excuser et indiquer qu’il n’y aurait pas d’amende.
Ce triste épisode illustre la réalité des dispositions contenues dans le nouveau Schéma national du maintien de l’ordre (SNMO), qui, au prétexte de demander aux journalistes de décliner leur identité, va en réalité empêcher de faire leur travail tous ceux qui ne pourront présenter une carte de presse ou une attestation jugées convaincantes.

Le SGJ-FO s’oppose résolument à toute forme d’entrave à la liberté d’informer, condamne toutes les violences commises contre les journalistes. Il continue à exiger le retrait de toutes les mesures et lois liberticides, qui favorisent les dérives actuelles et en annoncent d’autres demain.