NOUS N’IRONS PAS MARCHANDER LA DESTRUCTION DE NOS RETRAITES

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Depuis l’annonce par le gouvernement de sa volonté de réformer le système des retraites, FO n’a eu de cesse de dénoncer une réforme dite universelle par points. Elle conduit en fait à un régime unique entre les mains de l’Etat, évinçant le contrepoids exercé par le syndicat et la négociation collective.

Elle inscrit une logique d’individualisation qui ne fera qu’entériner et prolonger les inégalités dans l’emploi. FO réaffirme avec force que ce n’est pas le système actuel qui est défaillant, mais bien les politiques économiques menées par les gouvernements successifs.

Les inégalités de retraite d’aujourd’hui sont en effet le reflet des inégalités professionnelles d’hier. Elles résultent en particulier de la précarisation du travail, de la difficulté d’entrée dans l’emploi pour les jeunes, du chômage de longue durée et des inégalités de rémunération à travail égal entre les femmes et les hommes.

FO rejette une nouvelle réforme, après celle de l’assurance-chômage, qui s’attaque à la gestion paritaire de notre protection sociale et aux fondements mêmes du paritarisme.

Nous rejetons toute tentative du gouvernement de reculer encore l’âge de départ à la retraite que ce soit par le biais d’un âge légal, un âge de taux plein, pivot ou d’équilibre ou par l’allongement de la durée d’activité.

Nous refusons une réforme qui donne toutes les clés à l’Etat, les valeurs du point résultant chaque année d’un ajustement aux « contraintes » de l’économie.

Ce sont les salariés qui feraient encore les frais de la volonté affirmée du gouvernement de diminuer la part des retraites dans le PIB, avec pour le plus grand nombre des droits réduits et incertains, alors que dans le même temps il poursuit et accroît sa politique de cadeaux aux entreprises via des milliards d’exonérations, via le CICE ou la suppression de l’exit tax…

Au contraire de cette contre-réforme dont elle revendique le retrait, FO se prononce pour la défense et le maintien de l’ensemble des régimes. Notre syndicat entend défendre le régime général, les régimes complémentaires, tous les régimes spéciaux, la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (CNRACL) qui reposent sur le principe de la répartition, expression de la solidarité intergénérationnelle, ainsi que le code des pensions civiles et militaires.

Face au rejet de plus en plus massif de son projet de contre-réforme, face à l’organisation des salariés, dans de nombreux secteurs d’activité, pour le mettre en échec, le gouvernement a lancé une série de « négociations sectorielles ».

Il espère ainsi sans doute trouver quelques « alliés » pour mieux faire avaler sa pilule amère via quelques supposées « concessions » dans certains secteurs comme la fameuse clause dite du « grand-père ». Quel salarié, quel syndicaliste peut-il être dupe d’une telle « arnaque », quel syndicaliste peut-il accepter que l’on sacrifie ainsi encore un peu plus les droits futurs de la jeunesse et des nouveaux entrants sur le marché du travail, en accroissant encore les inégalités.

Pour notre part, nous refusons cette logique d’individualisation des droits qui est également celle qui sous-tend la réforme. Nous restons attachés à la négociation collective, à la pratique contractuelle pour la protection sociale collective solidaire.

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Nous ne participerons donc pas à « la réunion de lancement de la concertation sectorielle » à laquelle nous convient M. Jean-Paul Delevoye et le ministre de la Culture Franck Riester. Nous n’irons pas discuter de la mise en place de la réforme et de ses ajustements de façade. Nous n’irons pas marchander l’éviction des syndicats de la négociation collective.

En revanche, avec des milliers et des milliers d’autres nous serons en grève et dans les manifestations le 5 décembre, et au-delà s’il le faut, pour exiger le retrait de leur contre-réforme, le maintien de tous les actuels régimes de retraite, et faire entendre les revendications portées par Force Ouvrière.

Paris, le 18 novembre 2019