Congrès du SGJ-FO : Résolution audiovisuel public

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Le congrès dénonce la volonté gouvernementale d’asphyxier l’audiovisuel public.

Le budget 2018 prévoit une baisse de 36 millions d’euros des sommes allouées à l’audiovisuel public au nom de la réduction des déficits publics, foulant au pied les engagements que l’État avait lui-même pris dans les contrats d’objectifs et de moyens adoptés par le précédent gouvernement.

Dans les faits, c’est un manque à gagner de 80 millions d’euros dont va pâtir l’audiovisuel public, dont 50 millions d’euros pour France Télévisions et 20 millions d’euros pour Radio-France.

Cette baisse des dotations d’État, conjuguée aux effets de la suppression de la publicité décidée en 2008 et à une contribution à l’audiovisuel public (redevance) insuffisante ne peut conduire qu’à de nouvelles coupes budgétaires dont les premières victimes sont les salariés.

C’est ce sous-financement qui justifie, selon les directions des sociétés de l’audiovisuel public, les suppressions d’emplois, le blocage des salaires, les baisses de moyens dans tous les secteurs.

Après un premier plan de départs volontaires qui a conduit à la suppression de 750 postes, FTV envisage aujourd’hui un nouveau plan de départs concernant 500 postes d’ici 2020. A Radio-France, ce sont plus de 250 postes qui sont dans le collimateur dans le cadre d’un plan d’économies. Et les perspectives budgétaires pourraient conduire à revoir ces chiffres à la hausse.

Le congrès revendique une augmentation générale des salaires permettant a minima de compenser les trois années consécutives de blocage et de garantir le pouvoir d’achat. Il se prononce contre l’individualisation des rémunérations.

Alors qu’elles suppriment en masse les postes à statut, les directions de l’audiovisuel public sont devenues les championnes de la précarisation de la profession, recourant systématiquement et abusivement aux précaires dans toutes les catégories de personnel. Le congrès exige la titularisation de tous les pigistes employés sur des postes permanents. Il demande l’abrogation des accords organisant cette précarité érigée en règle, comme celui en vigueur à Radio-France qui autorise le licenciement des pigistes au bout d’une année s’ils ne sont pas devenus CDD et celui des CDD non titularisés au bout de 3 ans.

Le congrès exprime également son opposition à la fusion forcée des rédactions de France 2 et France 3, conséquence directe de l’entreprise unique et des restrictions budgétaires imposées par l’État. Cette fusion menace non seulement l’emploi mais aussi les missions de service public de FTV.

Le congrès apporte son soutien aux journalistes des rédactions locales de France 3 engagées dans le combat contre le plan de suppression de ces éditions de proximité, que la direction compte mettre en application d’ici à la fin 2018, et qui s’est traduit par plusieurs mouvements de grève dont une grève nationale le 27 septembre.

S’il se félicite de l’annonce par la direction de France 3 Nouvelle Aquitaine du maintien pour 3 ans des locales de cette région (Pau, Bayonne, Périgueux, Brive, La Rochelle) dans le cadre d’un contrat d’objectifs et de moyens signé avec le Conseil régional, il s’inquiète des risques de main mise du pouvoir politique sur l’information locale qui pourrait résulter de la faillite de l’État et de la direction de FTV à garantir leurs missions de service public de proximité.

Le congrès dénonce la détérioration continue des conditions de travail des journalistes de FTV résultant des mesures d’économie conjuguées aux pressions liées au développement du numérique. Privés des moyens humains et matériels nécessaires, les journalistes voient leurs tâches se multiplier. Ils se voient contraints d’effectuer de plus en plus de tâches techniques ne relevant pas de leurs qualifications.

A FTV comme à Radio-France, les directions tentent d’imposer l’effacement de la frontière des métiers, la polyvalence généralisée au détriment de la qualité de l’information. Celle-ci est de plus en plus ravalée au rang de contenu destiné à être déversé indifféremment sur une multitude de canaux, avec comme conséquence une perte de la maîtrise éditoriale sur la production.

Le lancement de la chaîne info de l’audiovisuel public sans véritable moyens dédiés a servi de laboratoire à toutes ces dérives, avec pour les personnels de FTV comme de Radio-France concernés une augmentation de la charge de travail liée aux contributions qu’ils doivent apporter à la chaîne, au détriment de la qualité du travail de collecte et de vérification de l’information.

Les personnels de Radio-France ont obtenu par la grève une compensation financière et la garantie de leur droit à l’image. Le congrès se prononce pour son extension aux journalistes de FTV concernés.

Il exige également le retrait de l’avenant dérogatoire à l’accord sur les compétences des journalistes, obligeant certains journalistes à être à la fois monteurs, mixeurs, infographes, traducteurs…. Le congrès s’oppose à toute extension de cet accord dérogatoire à l’ensemble de FTV.

Le SGJ-FO réaffirme son droit inaliénable à participer à la vie syndicale à FTV. Pour le SGJ-FO, le rôle du syndicat n’est pas de cautionner, de négocier voire de réclamer des reculs sociaux. Le Congrès réaffirme que, pour des raisons d’éthique, le syndicalisme libre et indépendant ne saurait se traduire par un comportement de supplétif des employeurs, dévoyant les pratiques syndicales.

Le SGJ-FO réaffirme sa double revendication du retour des confrères de FTV sous la Convention collective nationale de journalistes et son avenant audiovisuel ainsi que la reconstitution d’un collège journalistes aux élections professionnelles à FTV.